Dr. Eric Graham, Ancien Président du comité de l’Alliance Française d’Accra

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Pouvez-vous commencer par nous expliquer l’origine de votre lien à la France ?
Tout commence au collège, lorsque je choisis par curiosité de suivre les cours de français au lieu du latin. Dès lors, j’ai accédé à une culture totalement différente de celle diffusé dans le système anglo-saxon. Par la suite, alors élève de l’Alliance Française d’Accra depuis 1963, et je décroche une bourse de l’ambassade de France pour aller étudier à Strasbourg en 1965.

Quelle a été votre réaction une fois arrivé en France ?
Je parlerais de choc culturel, arrivant en plein hiver c’est d’abord la température glaciale qui m’a marqué. Ensuite, nous n’étions que deux ghanéens à étudier à l’Université de Strasbourg. Je me suis toutefois vite habitué à la vie estudiantine française, je me déplaçais en Solex et je découvrais l’ensemble du patrimoine culturel français.

Auriez-vous des commentaires à faire en comparant les systèmes éducatifs ?
Absolument, tout d’abord le nombre d’étudiants en salle de classe, sans campus, l’absence de tutorats et le fait que le système français accorde une très grande importance aux examens oraux. Ainsi, j’ai noté que les échecs ou redoublement sont relativement fréquents en France, totalement à l’opposé du système anglo-saxon dans lequel la sélection se fait à l’entrée. J’ai aussi vécu la période de mai 68 lors de laquelle Daniel Cohn-Bendit militait contre les conditions d’enseignement. Personnellement j’accorde beaucoup d’importance à ce que l’enseignement de la philosophie peut apporter aux citoyens, de même que la politique culturelle avec l’éducation musicale et artistique. C’est ce qu’il manque au Ghana et que nous essayons de faire à travers les Alliances Françaises.

Venons-en à votre rôle au sein de l’Alliance Française d’Accra, pourquoi cet engagement pour l’apprentissage du français, en particulier au Ghana ?
En partant du constat que le français n’est pas suffisamment enseigné au Ghana, alors que les avantages que cette langue procure sont indéniables, comme mes expériences professionnelles en France puis à Brazzaville et Kinshasa me l’ont montré, je me suis naturellement retrouvé dans les missions de l’Alliance Française d’Accra. J’ai tout d’abord intégré en tant que membre du comité cette institution, très populaire depuis sa création dans les années 50. Longtemps l’unique lieu à stimuler la scène culturelle ghanéenne, nous avons souhaité poursuivre cette mission tout en développant l’offre de cours, à la fois de langue française et anglaise, pendant mon mandat de président du comité.

Comment jugez-vous l’évolution de la perception du français et de la France aujourd’hui ?
Notre travail a permis de diffuser plus largement l’apprentissage du français, même si les institutions ghanéennes ne se saisissent pas des offres et efforts réalisés par la France et l’Organisation Internationale de la Francophonie en faveur de cet enseignement. Je reste convaincu qu’avoir plus de bilinguisme contribuerait directement à l’amélioration de l’économie ghanéenne, car cela améliore fortement les débouchés professionnels et personnels, notamment en Afrique. Cette langue a par exemple changé ma vie ! Il faut aussi poursuivre les partenariats académiques et scientifiques dans lesquels nos deux pays peuvent beaucoup s’apporter mutuellement. Mais globalement la culture française, en particulier la cuisine, le vin et la mode, est très appréciée au Ghana.

Dernière modification : 05/07/2016

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